Liberty Bar Georges Simenon, 1932
Un Maigret toujours vêtu à la parisienne descend dans le Midi, à Antibes, où tout sent les vacances. Le soleil omniprésent, les gens habillés en blanc et bleu, les raquettes sous le bras, l’odeur sucré des mimosas. Tout est plongé derrière un voile d’irréalité. Néanmoins, un homme a été assassiné… Un homme important, autrefois, alors la consigne c’est la discrétion. Pas d’histoires !
Dans ses va et vient, il rencontre les deux Martinis, mère et fille ; la grosse Jaja qui règne dans le Liberty Bar, la blême Silvie et le malin Joseph. Il y a aussi de fils du décédé, un homme tiré aux quatre épingles. Avec ces acteurs, elle se joue la comédie.
Maigret a toujours du mal à se prendre au sérieux dans cette ambiance irréelle de pins parasol, de yachts, d’hôtels somptueux, de casinos… Pour revenir à la réalité, il se répète que William Brown a été assassiné.
Mais à Cannes où ses démarches le mènent, il découvre aussi les ruelles minables et la grande trouvaille : le Liberty Bar
Là, le temps n’existe guère, même l’ambition de l’argent. Les clients, rares, sont en famille. Maman Jaja sert à boire et à manger. Cela beurre la conversation.
Précisément, les dialogues, les pensées et les arrière-pensées surmontent et marchent au-delà de l’enquête. Un style sobre dans ce roman, mais plein de petits détails, de nuances, des sous-entendus…
Un Maigret presque tendre, dépassé, débordé, noyé par tout cette mer, tout ce soleil et tout ce grand boulevard qui s’étend de Cannes à Menton.
Liberty Bar, un chef d’œuvre.
Manuel de Français