Le Mauvais sujet repenti. À propos de l’Exposition de Paco Roca et la Francophonie.

Le Mauvais sujet repenti. À propos de l’Exposition de Paco Roca et la Francophonie.

 

À Valencia en Espagne baignée pauvrement par le Turia, (ne confondre pas avec Valence qui se laisse baigner abondamment par le Rhône), au Musée Valencien de l’Illustration et du Modernisme, le MUVIM, une exposition initié en septembre 2012 qui grace à son succès se prolongera jusqu’à décembre 2012. Une exposition d’un homme qui à peine dépasse la quarantaine ; un dessinateur à la bande dessinée, illustrateur espagnol et valencien. Le titre de l’exposition : Paco Roca dibuixant ambulant. C’est du valencien, en espagnol : dibujante ambulante, en français dessinateur ambulant.

Voilà les trois langues de l’exposition. Un étonnement délicieux pour les francophones amateurs de Valencia ; on n’a pas utilisé l’anglais, mais le français. C’est un tribute juste car il a assez publié en France.  Les représentants de la francophonie officielle locale, à savoir : le Lycée Français, l’Institut Français et le Département de Français de l’École de Langues, ne se sont pas fait l’écho de l’évènement ni ont débouché des bouteilles de Champagne pour le fêter.

L’exposition absolument délicieuse ; elle semble dessinée par le propre honoré. Comme s’il s’agissait d’une bande dessinée fait un parcours minutieux de toute sa carrière professionnelle. Faite en ton aimable les misères deviennent anecdote, les triomphes conséquences  du travail quotidien mais á l’ajoute du condiment-chance. Les procédés de travail y sont inclus, les réflexions, les voyages, la recherche, les hasards de la vie.

Ce n’est pas notre intention dévoiler le contenu de l’exposition mais trois choses on souligne comme curiosités détachables : la première un cheque original de la Marvel avec un dessin imprimé de Spiderman non touché, une facture détaillée : 12 pages plein couleur pour un magazine à 17 Euros la page ; voilà quelle fortune ! Et la troisième ce n’est pas une curiosité mais il ya des couvertures de ses débuts comme illustrateur érotique.

Précisément ces débuts comme dessinateur érotique d’abord au magazine Kiss Comix  et après au mythique El Vibora si peu représentés à l’exposition comme si elles étaient recouvertes
d’un vernis de honte, bien méritent une réflexion spéciale. À cette époque il s’agissait de dessiner des beautés aux seins XXL et aux cons super-humides. Mais les couvertures des magazines étaient d’un réalisme charmant. On prétend qu’un fan lui serra la main en lui déclarant : Comme je me suis masturbé avec tes dessins. Et cet incident banal acheva par malheur le dessin des beautés.

On peut comprendre la sensation quasi physique au moment du serrage de main en lui faisant la confession. C’est comme quand on sort de la toilette d’un restaurant, on s’a lavé les mains mais pas tout a fait séchés, une connaissance nous rencontre et nous serre la main. C’est de l’eau nette on se voit obligé à manifester. Mais la sensation…

Malgré ces considérations antérieures ils me sont venus à l’esprit les vers de la chanson de Brassens qui donne titre a cet article ; Comme je n’étais qu’un salaud / n’m fis honnête. La confession du fan à vrai dire est le plus grand hommage qu’un peut rendre à un auteur. À la fin quel est le but, le plus poursuivi par les auteurs ? C’est celui d’émotionner, d’émouvoir. Et ma foi  qu’il en a réussie.

Après vinrent les albums propres et sérieux : El Juego Lúgubre 2001, Les Fils de l’Alhambra 2003, Le Phare 2004, Rides 2007 en France et 2008 en Espagne « Arrugas ».En 2008 on lui concède en Espagne El Premio Nacional del Cómic (Le Prix National de la Bande Dessinée).Depuis 2010 et pendant un an et demie, il publie au journal Las Provincias une page hebdomadaire Mémoires d’un homme en pyjama. Le même an El Invierno del Dibujante, « l’Hiver du Dessinateur ». En 2011 apparaît le Film Arrugas « Rides », une adaptation cinématographique de l’album homonyme et en 2012, le film reçoit deux Prix Goya de l’Académie de la Cinématographie Espagnole.

Maintenant il n’est plus le dessinateur à quatre sous la page, il est devenu l’homme à la mode. Les Universités du monde entier lui réclament des conférences, des ateliers. Voilà la récompense de devenir honnête.

Mes prières se dirigent au Dieu des Dessinateurs pour qu’il lui concède un alias pour ne salir pas son nom et cet Alter Ego lui permettra de continuer à dessiner des beautés.

Manuel de Français

 

Deja una respuesta

Tu dirección de correo electrónico no será publicada. Los campos obligatorios están marcados con *


*