COMPLAINTE DE LA REINE MERCEDES (deuxième partie)
La complainte
Rafael de León compose la Complainte de la Reine Mercedes où il détache surtout l’histoire d’amour du jeune couple royal dont le coup de foudre était encore vivant. Il ajoute et exprime la commotion que l’événement a produite sur le peuple espagnol. Les paroles sont un chef d’œuvre de la chanson populaire de ce période. Le langage est poétique mais simple, les projections d’image sont bien compréhensibles. Même le seul mot français, le nom Montpensier, pour adapter le son à la prononciation espagnole-andalouse devient Mompansié. Néanmoins il s’est inspiré sur un couplet populaire dont l’auteur est inconnu.
Parler de ce couplet mérite quelques lignes. Ramón Menéndez Pidal (13/09/1869 – 14/11/1968), philologue, historien, folkloriste et médiéviste espagnol, créateur de l’école philologique espagnole, dans un cycle de conférences données à la Columbia University of New York en 1909, promues par la Hispanic Society of America, fait relation à ce couplet. Par bonheur celle Société décide éditer en 1910 le contenu de celles conférences. Dit Menéndez Pidal :
Parfois la vieille complainte souffre une refonte moderne. La complainte du XVIème siècle :
-Dónde vas-tu, el desdichado, -Ou vas-tu, le malheureux,
donde vas triste de ti ! ou vas-tu oh triste de toi !
-Voy en busca de mi esposa -Je vais à la recherche de mon épouse
que ha tiempo que no la vi. qu’il y a longtemps que je ne l’ai pas vue.
-Muerta es tu enamorada -Morte est ton amoureuse
muerta es que yo la ví, morte est-elle, que je l’ai vue.
Las andas en que la llevan Le brancard sur lequel on la mène
De luto las vi cubrir garni en deuil, l’ai je vu
Souvenez vous que Menéndez Pidal recueille ce couplet en 1909. Selon le texte, originale Il continue:
Encore l’on récite en toute l’Espagne, mais à son coté, il y a une version propre des filles lorsqu’elles la chantent en jouant, elles, avec des légers changements, adaptent la vieille complainte à celle de la mort de la reine Mercedes.
-¿Donde vas rey Alfonsito, -Ou est-ce que tu vas roi petit Alphonse
donde vas triste de ti ? ou vas-tu oh triste de toi ?
-Voy a la busca de Mercedes, -Je vais à la recherche de Mercedes,
dias ha que no la vi. Ça fait des jours que je ne l’ai pas vue.
-Merceditas ya se ha muerto, -Petite Mercedes est morte,
muerta está, que yo la vi. morte est elle, que je l’ai vue.
La Complainte de la Reine Mercedes (Quintero, León et Quiroga)
Traduction de Manuel de Français
(Que Rafael de León me pardonne)
Et après quelques séances
Avec la collaboration de Ximo R.
Una dalia cuidaba Sevilla Un dahlia soignait Séville
En el parque de los Mompansié, Dans le parc des Montpensier,
Ataviada de blanca mantilla Parée de blanche mantille
Parecía una rosa de té. Ressemblait-elle une rose de thé.
De Madrid con chistera y patillas De Madrid coiffé haut-de-forme et favoris
Vino un real mozo muy soberan Est venu un royal garçon très souverain
Que a Mercedes besó en las mejillas Qui à Mercedes embrassa sur ses joues
Pues los niños son primos hermanos Car les enfants sont des cousins-germains
Un idilio de amor, empezó a sonreir Un idylle d’amour commença à sourire
Mientras cantan en tono menor Tandis qu’on chante en ton mineur
Por la orillita del Guadalquivir. Par la berge du Guadalquivir.
Estribillo Refrain
María de las Mercedes, María de las Mercedes
No te vayas de Sevilla, Ne quitte pas Séville,
Que en nardo trocarse puede Que l’œillet de tes joues
El clavel de tus mejillas. Un nard devenir peut.
Que quieras o que no quieras Que tu veuilles ou ne veuilles pas
Y aunque tu no dices nada Bien que tu ne dis rien
Se nota por tus ojeras L’on aperçoit par tes cernes
Que estás muy enamorada. Que tu es très amoureuse.
Rosita de Andalucia, Petite rose d’Andalousie,
Amor te prendió en sus redes L’amour t’a pris dans ses filets
Y puede ser que algún día Et peut être qu’un jour
Amor te cueste la vida Amour te coute la vie
María de las Mercedes. María de las Mercedes.
Una tarde de la primavera Un soir de printemps
Merceditas cambió de color Merceditas changea la couleur
Y Alfonsito que estaba a su vera, Et Alfonsito qui était à son coté
Fue y le dijo : ¿Que tienes mi amor ? Lui demanda : ¿Qu’est-ce que tu as mon amour ?
Y lo mismo que una lamparita Et comme une petite lampe
Se fue apagando la soberana S’éteignit la souveraine.
Y las rosas que había en su carita Et les roses de sa figure
Se le volvieron de porcelana Devinrent de la porcelaine.
Y Merceditas murió empezando a vivir Et Merceditas mourut tout en commençant à vivre.
Y a la Plaza de Oriente, ay dolor ! Et à la place de Oriente, aïe douleur !
Para llorarla fue todo Madrid. Pour la pleurer arriva tout Madrid.
Estribullo Refrain
Maria de las Mercedes, Maria de las Mercedes,
Mi rosa más sevillana, Ma rose la plus sévillane,
¿Porque te vas de mis redes Pourquoi t’en fuis tu de mes filets
De la noche a la mañana ? De la nuit au jour ?
De amores son mis heridas D’amour sont mes blessures
Y de amor mi desengaño et d’amour ma déception
Al verte dejar la vida En te voyant laisser la vie
A los dieciocho años À dix-huit ans.
Adiós princesita hermosa Adieu belle petite princesse
Que ya besarme no puedes. Que tu ne peux plus m’embrasser.
Adiós, carita de rosa, Adieu petit visage de rose,
Adiós , mi querida esposa, Adieu, mon épouse aimée,
María de las Mercedes. Maria de las Mercedes.
Estribillo (final) Refrain (final)
En hombros por los Madriles, À travers Madrid sur ses épaules,
Cuatro duques la llevaron Quatre ducs la portèrent
Y se contaron por miles Et l’on comptait par des milliers
Los claveles que le echaron. Les œillets qu’on lui lança.
Te vas camino del cielo T’en vas chemin des cieux
Sin un hijo que te herede Sans un fils qui t’hérite
España viste de duelo Espagne se couvre de deuil
Y el rey no tiene consuelo, Et le roi n’a pas de consolation,
Ay ! Maria de las Mercedes ! Aïe, María de las Mercedes !
Manuel de Français