Paco Ibañez
À cause de certains indices, je craignais qu’il fût un peu abimé. Mais bien que son allure ne soit plus de jeunesse, il semblait être en pleine forme. Pendant trois heures il nous a amusés avec sa présence, sa voix, sa guitare et quelques extras. Il a fait un petit entracte, bien entendu.
Dans un petit théâtre si l’on considère une grande ville comme Barcelona, mais dans un grand théâtre si l’on considère un quartier populaire comme El Poble Nou.
À l’Aliança del Poble Nou, la salle complète environs 800 spectateurs. Quelques minutes après 9 heures du soir, obscurité dans la salle, obscurité sur la scène, soudain un cercle de lumière, et la voix en of, enregistrée de José Agustín Goytisolo, récit son propre poème « En Tiempos de Ignominia ». Applaudissements, et de l’obscurité émerge l’homme, vêtu de noir, les cheveux en désordre longs et argentés et sa sempiternelle guitare à la main.
En hommage aux amis disparus commença-t-il avec Coplas a la muerte de su padre de Jorge Manrique. Inusuel mais valable. Après vinrent : Ya no hay Locos (il n’y a plus de fous) de León Felipe, Déjame en paz (Laisse moi en paix) de Luis de Góngora, Es amarga la verdad (La vérité est amer) de Francisco de Quevedo. Tous poèmes de grands poètes faits chanson par un chanteur plus proche de l’acception espagnole de « cantor » que « cantante », mais surtout un jongleur, le seul jongleur espagnole de notre âge.
Après El Pastorcico de s. Juan de la Cruz, Une poésie en arabe, une en galicien, une en basque, Me lo decía mi abuelito de J. A. Goytisolo. Si l’on inclue l’espagnole, sur la neuvième chanson, quatre sont les longues dont il a chanté, mais en suit.
Neuvième et dixième poème, de García Lorca, Córdoba et La Canción del jinete (la chanson du cavalier), il se fit accompagner par un jeune guitariste, un certain Mario.
Ensuite grand romanticisme : Para mi corazón (pour mon cœur) de Pablo Neruda, il se fit accompagner cette fois d’un mûr guitariste argentine et après Amada (Aimée) de César Vallejo, l’argentin mûr reste, et s’incorpore un jeune mélange colombien-et je ne sais qui, qui joue une très petite guitare.
Entracte.
À nouveau l’homme seul avec sa guitare, dédié à des amis de Carcassonne qui sont dans la salle, inaugure-t-il las deuxième parti avec L’orage de Brassens en français, et La mauvaise réputation (la mala reputación), aussi de Brassens, mais cette fois en espagnole.
Como tú (comme toi) de León Felipe. On se rend compte surtout ceux qui l’ont suivi dès son mythique récital à L’Olympia de paris (1969) que dans ses ans d’argent il a changé légèrement sa façon de chanter. Au temps de jadis quand la chanson atteint son maximum, la voix s’élevait sans stridence, bien sur, mais il ya avait une certaine véhémence. Aujourd’hui, le moment arrivé la voix se rend plus base et surtout plus harmonieuse et c’est tout un spectacle quand le public chante avec lui aussi dan un ton calme.
Cependant tout ne seront pas de fleurs : il a un discours contre la droite et contre « l’american way of live » et pardonnez-moi, un peu vieux d’un jour.
Dix-huitième chanson si l’on comptabilise une sorte de bon anniversaire « antiyankee » vamos a la romería de Garcia Lorca, après : Te recuerdo como eras …. de Pablo Neruda, Romance del conde Niño (anonyme ?) Érase una vez (I était une fois) de J.A. Goytisolo. De J.A. Goytisolo aussi, sans doute sa grande chanson Palabras Para Julia, Me queda la Palabra de Blas de Otero.
L’homme seul à la chemise noire, pantalon noir, aux cheveux argentés en grand désordre, un pied sur le parquet, l’autre appuyé sur une chaise sa guitare appuyée sur son genou et caressée de ses deux mains fatigué et radieux à la fois nous présente sa dernière création, il a musiqué un poème de Salvador Espriú, le public catalan ravi. Ils sont déjà six langues qu’il a employées.
Quand tout semblait fini, comme un magicien qui fait sortir un lapin d’un haut chapeau, fit sortir de l’ombre madame Marina Rosell. Elle vient de publier un disque de chansons de Moustaki traduites au catalan.
Tous les deux chantent Le métèque en catalan et ensuite une chansonnette en dialecte de la Toscane. Marina Rosell, disparait et l’homme seul et son public comme une seule voix chantent tous ensembles : A galopar de Rafael Alberti.
Il était minuit, vive le vieux jongleur.
Pour finir la soirée ce chroniqueur qui vous écrit s’est attable avec ses accompagnants devant un « bacallà a la llauna amb mongetes » (Morue au four avec des haricots) arrosé avec une bouteille de cava catalan, évidemment.
Manuel de Français, le 12 Avril 2012.