Promenade 1
J’ai le temps, je dois marcher lentement, en faisant le moindre effort. La sueur ne doit pas apparaître. Les ruelles du vieux quartier dans la vieille ville offrent encore une ombre parcourue par une légère brise. Soudain, comme si une bombe aurait dévasté le centre du quartier, une esplanade d’où émergent les cubes de l’école de design. Quel design !
Mais il faut y croiser. Sous ce soleil si désiré par nos visiteurs nordiques, les premières gouttes de sueur émergent perlées sur le front. Et voilà à nouveau protégé dans l’étroite ruelle des Teixidors.
Arrêt brusque en tournant à gauche, elle est là, cinquante mètres devant moi. Elle sera fraiche. J’avance discrètement ; elle est distraite, en causant, la main à l’oreille.
Elle m’aperçoit, me sourit, on entre dans l’immeuble et on sort à la terrasse. Casse-croûte, boisson chaude, boisson froide et conversation tiède. Le regard direct. Les yeux dans les yeux, c’est le premier tête à tête.
Comme d’après de milliers d’années, les inconnus que s’y connaissent s’interrogent discrètement. Aura-t-il un demain, une prochaine fois ?
L’été impose sa dictature et sépare les êtres citadins et les jette dans les bras d’autres citadins devenus campagnards, baigneurs ou nudistes.
À la fin l’espérance d’un prochain rendez-vous. Bravo ! Mais hélas avec la présence d’un ami commun
Manuel de Français, le 28- juin-2012
*Post-scriptum : Notre grand et élégant acteur Fernando Rey se plaignait cordialement de qu’on le proposait grand nombre d’interviews. Il disait que ce n’était pour lui mais pour qu’il parle de Luis Buñuel. Celui ne concédait jamais des interviews.