Les Prix Littéraires. Maman, je suis finaliste.
Manuel de Français était, comme d’habitude, dans son studio. Comme le vieux colonel de García Márquez, il pense qu’il n’y a pas de lettre pour lui. Il ouvre le courriel cybernétique. Tiens ! Deux messages de la mairie ! Rien de bon n’arrive jamais de la mairie ! Mais il faut ouvrir le courriel, quand même. Saperlipopette ! Ce n’est pas mauvais. Manuel de Français ne peut pas croire ses yeux : SU MICRORRELATO HA SIDO SELECCIONADO ENTRE LOS FINALISTAS. Pour les francophones, je traduirai : « Votre micro-récit a été élu parmi les finalistes ». Si bref et si ouvert à l’espoir. Parmi les finalistes, l’on choisit le gagnant n’est-ce pas ? En plus : Comme Manuel de Français avait envoyé deux récits micro ; tous les deux étaient-ils choisis, ou seulement un, mais on le lui annonçait deux fois ?
Le lendemain, on l’appelle au téléphone portable. Une dame prétendant être la responsable de la bibliothèque municipale de Godella, lui annonce que le récit qu’il avait envoyé, a été élu comme finaliste et par conséquent il sera publié dans un petit livre parmi les cinquante premiers. Mais notre homme est curieux, il veut savoir. Il demande à la femme au téléphone ; « Madame, est-ce que l’on a choisi déjà le gagnant ? » La femme très poliment lui répond : « Ah monsieur, ne vous dérangez pas pour cela. On a déjà élu un gagnant et un gagnant du terroir. Mais on va vous publier, mes félicitations. ¿Est-ce qu’on peut compter sur vous pour la cérémonie de livraisons de diplômes et de livres ?
« Super ! », réfléchis notre homme. On va publier notre récit ; il ne sait pas encore si un ou deux, mais « ne vous dérangez pas, le gagnant est déjà élu ». Il se répète : le gagnant est déjà élu, mais ce n’est pas vous, ne vous dérangez pas. C’est pervers, mais soyons positifs, réfléchit notre homme ; on va vous publier.
Selon un calendrier établi, le 30 avril l’on publie la liste des gagnants, les 5 accessits et d’autres 43 qui seront publiés. Notre homme est l’un des « autres », comme dans le film d’Amenábar.
On a dit déjà que notre homme est curieux ? Oui ? Alors, il fait des recherches. La gagneuse est C.B. Qui est C.B ? Mon dieu, C.B a publié maints livres. C’est comme si Alberto Contador participait à une course d’amateurs de la région ? Les connaissances de notre homme disent que ce n’est pas juste. Bon, pourquoi pas, répond notre homme. Tout le monde a le droit. Selon les conditions du concours : Les candidats étant âgés de plus de 16 ans, écrivant en espagnol ou valencien…
Alors C.B (Carmen Botello), Santa Cruz de Tenerife 1956, satisfait toutes ces exigences. Mais ce qui paraît bizarre : Le prix n’était que 200 Euros. Seulement 200 Euros. Et, elle, une autrice « consacrée » (1) s’y est présentée. La question que l’on extrait est la question éternelle : ¿Qui peut bien vivre de la littérature, de sa plume, en Espagne ? Pérez Reverte, Javier Marías, Albert Espinosa, Antonio Gala… Laura Gallego (à cause des lectures obligatoires dans les écoles).
Connaissez-vous d’autres ?
(1) C’est une façon de parler
Manuel Salvador