Carvalho vs Maigret

Carvalho vs Maigret

puigcorbé-carvalho-peq-wbSans doute le plus célèbre des détectives de notre littérature espagnole est Carvalho crée par notre grand écrivain Manuel Vázquez Montalbán, tristement mort en 2003 à Bangkok. Plus gourmet et sybarite que Maigret et parfois plus gourmand et aussi plus littéraire, mais aussi un peu pédante. Il ressemble qu’il a fait un voyage d’aller et qu’il est toujours en retour de tout. Selon j’extrais de sa pensée, lors des anciens grecs nous sommes constamment en régression.

Je disais dans mon article : Maigret à Table. 0 Le personnage, qu’à un vrai gourmet jamais lui arrivera de manger d’une forme distraite, sans se rendre compte de ce qu’il mange….. À faute d’autres lecteurs, il ressemble que le Diable m’a lu et pour me punir a mis sous mes yeux le texte suivant, extrait d’un roman de Carvalho de M. Vázquez Montalbán ; je traduis de mon mieux :

puigcorbé-carvalho-web« Le détective prit son petit déjeuner sans penser à ce qu’il mangeait. Il avait choisi un petit déjeuner qui n’avait pas  besoin de réflexion, ni presque la moindre prédisposition de conscience. Un petit déjeuner, discret accompagnant de n’importe quelle méditation transcendante. Ni le jambon aurait été l’accompagnant approprié. Le jambon exige une action de savourer critique, un verdict. Par contre « la catalana » est une charcuterie bouillie qui s’adapte à la mécanique du palais et de la mastication sans grandes ambitions. Le fait de l’exiger truffée  était la rigueur minimum indispensable pour que la saveur lui surprenne de tant en tant, quand les grains de beauté de la truffe aromatisaient brusquement la cavité buccale et du nez en sortaient des démangeaisons………………………..Avec assez moins de temps de réflexion Brillat-Savarin écrivit La Physiologie du goût. »

Recette de la semaine

Tronc de Thon (á la Carvalho)

Ingrédients :

Un tronc de thon frais Un tronco de atún fresco
Des anchois                         anchoas
Des ails (secs)                     ajos secos 
Huile d’olive                      

aceite de oliva

Sel  sal
Poivre      pimienta
De la farine                          harina
Un brin de fenouil               una brizna de hinojo
De l’eau                                agua

On va donner la recette pas à la manière traditionnelle mais en traduisant le texte de Montalbán. Il faut remarquer que dans l’originale il fait deux recettes au même temps ; ici on ne parle que d’une :

À faute d’un autre outil plus spécifique, il utilise une aiguille à tricoter.

« Carvalho ouvrit quelques galeries dans le cube de thon et les farcit avec des anchois. Il assaisonna de sel et poivre la bête et la fit dorer en huile en compagnie de quelques ails. Ajouta-t-il un peu d’eau et laissa se cuire le dos de thon à feu lent.

Il était déjà cuit le thon. Carvalho le mit à l’écart et travailla le jus résultant comme une base de sauce espagnole corrigée avec un brin de fenouil. Il considéra le plat achevé et attendit que le thon soit froid pour le couper en tranches déposées sur un plateau et après couvertes avec la sauce chaude.

 *Post-scriptum: Pour moi le détective Carvalho a toujours la mine de notre grand acteur Juanjo Puigcorbé.

Manuel de Français, le 20 Mars 2012.

Maigret à table. 1 Les caves du Majestic

Maigret à table. 1 Les caves du Majestic

Je n’aime pas les « Notes de Lecture », je ne les lis jamais sauf quand j’ai déjà lu le livre. À mon avis, une Note de Lecture montre plus qu’insinue. Ce que j’aime le plus dans un roman c’est de me surprendre. Savoir à l’avance ce qui peut devenir parce qu’un autre auteur m’a donné des pistes, cela ne m’amuse pas. Par cohérence on ne va pas faire une Note de Lecture. Le but de ce texte c’est d’extraire le contenu gastronomique comme point de partie, théoriser sur les produits, ensuite faire un petit glossaire français-espagnol et s’il nous arrive, même donner une recette. On concédera une grande importance aux équivalences et aux différences français-espagnol du point de vue de la langue et des habitudes. Mais absolument pas pour marquer les différences mais pour unir et meilleur se comprendre. C’est ca la culture gastronomique ?

Maigret-250-webLes caves du Majestic. Roman apparu en 1939  (je cite mais ce n’est pas toujours textuel) : « Une dame d’une vulgarité agressive est attablé devant une demi-langouste de belles dimensions. La mayonnaise, prétende-elle sent la savonnette. Maigret demande un beefsteak, des frites et un double demi. Un voisin de table qui mange tête à tête avec la dame. Son assiette contient des nouilles sans beurre et sans fromage. Il est malade sans doute. Maigret bavarde avec ce drôle de ménage. Il est anormalement de bonne humeur. Soudain il désigne le chariot d’argent au couvercle bombé qu’on poussait entre les tables.

-Qu’est ce qu’il y a dans votre brouette ?

-La côte de bœuf.

-Et bien ! Donnez – m’en une tranche et des frites, maître d’hôtel.

Et après :

-…De la moutarde, garçon !… Et des cornichons si vous en avez !

Les pommes frites étaient vraiment sensationnelles, croquantes dehors, fondantes dedans.

Glossaire

Langouste Langosta
Mayonnaise Mayonesa
Beefsteak Bistec de ternera
Des frites Patatas fritas
Un demi Caña de cerveza
Des nouilles Tallarines
Côte de bœuf Costilla de buey/chuletón
Moutarde Mostaza
Cornichons Pepinillos
Frites maître d’hôtel (*) Patatas fritas (*)
Croquant Crujiente
Fondant Que se funde en la boca

(*)Pour nous les espagnoles : Quand on voit un conjoint  de mots agroupés avec tant d’accent circonflexe, il n’ya aucune doute, il s’agit de quelque chose d’important. On exprimera après ce « maitre d’hôtel ».

Sans doute les pommes de terre (calqué sur le latin malum terrae et sous l’influence du néerlandais aardappel, littéralement pomme de terre) ou patates (oui, mes amis espagnols patates du quechua papa devenu patata en espagnol, est le nom familier dans certaines régions), comme je disais, sans doute la pomme de terre est la reine des cuisines. Avant qu’elle fut introduite en Europe, la purée un recours si fréquent dans la cuisine française, on devait la faire de la châtaigne, plus  savoureuse mais aussi plus laborieux. Dans notre roman, Maigret demande des frites Maître d’hôtel. Ce concept n’a pas une équivalence exacte en espagnol, lequel est utilisé parfois pour exprimer la maîtrise avec laquelle a été exécuté un plat. Dans ce terrain de morceaux superbes ce que pour nous en Espagne est « un bocado de cardenal » par influence de l’italien, je suppose, en français est « un morceau de roi ». Est-ce que chez nous les princes de l’église étaient plus bon vivants que les rois ?

Il ressemble que les frites maître d´hôtel reçoivent cette dénomination parce qu’elles sont cuites avec la beurre maître d’hôtel. Et qu’est ce que c’est la beurre maître d’hôtel ? Dans aucun foyer espagnol de tradition on aura l’idée de faire ce plat de cette façon, mais nous, comme nous sommes un peu franchisés, on va donner la recette :

Recette Beurre Maître d’hôtel

Ingrédients : Du beurre (100 gr), persil et  citron.

Faites sortir le beurre du réfrigérateur une demi-heure avant de travailler. Hachez le persil aussi fin que vous voudrais. Mélangez le beurre et le persil et ajoutez le jus du citron (un demi-citron sera presque top). Si le beurre est doux, ajoutez un peu de sel.

Roulez ce mélange comme un boudin dans en film de plastique et introduisez-le dans le réfrigérateur au moins une heure avant de l’utiliser. Le moment arrivé coupez en morceaux selon vos besoins. Ce beurre sert aussi pour être déposé sur votre poisson préféré ou sur vos entrecôtes.

Manuel de Français, le 08 Mars 2012.

Maigret à table. 0 Le personnage

Maigret à table. 0 Le personnage

Maigret-250-webNi gourmand ni tout à fait gourmet, plus buveur que mangeur, le commissaire Maigret aime raisonnablement les petits plaisirs de la table.  Souvent au milieu d’une enquête il lui arrive de manger d’une façon distraite, sans se rendre compte de ce qu’il mange. Cela ne lui arriverait jamais à un vrai gourmet. Il mange ou il boit, un lecteur non habitué dirait que d’une  façon capricieuse, parce que parfois lui arrive de boire ou manger par imitation. Mais pas à cause de snobisme. Quand au parcours d’une enquête, ses pas lui mènent dans un certain milieu, il expérimente le besoin d’imiter les petits rituels des gens qu’y sont attrapés. Bien qu’il préfère la bière, si à son coté un paroissien commande un petit vin blanc, lui aussi en commandera un autre. S’il entre dans un bistrot pour surveiller une fille  et elle commande un plat de pâte, il criera : Garçon la même chose pour moi. C’est sa façon de comprendre, parce que dans une enquête il est toujours question de comprendre. Suivant leurs rituels in espère entrer dans leur ambiance. Très souvent une planque ne se produit pas dans un coin obscur et froid dans la rue, mais au zinc d’une taverne ingurgitant verre sur verre  ou bien mangeant une salade aromatisée a l’ail, tandis qu’à travers la vitre il surveille les entrées et issues d’un immeuble. Seulement comme fumeur, reste-t- invariable. Il refuse les cigarettes américaines, les cigares plus raffinés. Seulement la pipe ; il en a plusieurs: dans son bureau, chez soi, parfois dans sa poche revolver faute d’en porter un. C’est très extraordinaire qu’il porte un revolver. Maigret ne conduis pas, il n’a même pas son permis de conduire, mais il se laisse conduire dans les voitures de la police par ses inspecteurs, ou para madame Maigret qui dans ses ans mûrs obtient son permis et  le couple se permet une petite voiture pour les vacances. Maigret se sert souvent des taxis, même ordonne ses inspecteurs de « sauter dans un taxi » et lui attendre place X.., puis in lui arrive de leurs dire prête moi ton taxi et….. L’autobus le prend il très souvent pour se rendre chez lui, mais le métro paraît-il que ne lui attire pas. Le train aussi, il voyage de tant en tant pour aller au Midi dont il se surprend toujours de voir les gens  en tenue de sport une raquette à la main, les femmes aux robes fleuries et des mimosas partout.

Simenon-135-2--WEBLa plupart des romans se développent à Paris, mais aussi dans d’autres endroits de la France : dans le Midi comme j’ai dit, en Bretagne, même dans les frontières avec les Pays Bas, la Belgique….. Il lui arrive aussi de prendre un avion à l’ancien aéroport de le Bourget pour se rendre en Angleterre out il a des collèges à lui très appréciés. Quelques uns se déroulent aux États-Unis. Pour une première lecture je conseille toujours commencer par un qui se développe à Paris.

Mais Comme est le personnage? Jules Maigret est né en province. Commence ses études en médicine mais à la mort de son père sans avoir achevé le premier cours doit abandonner pour gagner sa vie. Un ami de son père lui offre entrer dans la police. Le jeune provincial devient parisien. La première enquête de Maigret n’est pas le premier roman mais à ma connaissance le seul qui est situé dans ses ans de jeunesse. Devenu commissaire il s’agit d’un homme grand à la charpente forte, souvent maussade et à l’air grognon. Dans le premier Maigret « Pietr le Letton » on peut lire : » Lui, restait là, énorme, avec ses épaules impressionnantes qui dessinaient une grande ombre. On le bousculait et il n’oscillait pas plus qu’un mur. » Et dans un autre paragraphe : « Il ne portait ni moustaches, ni souliers à fortes semelles. Ses vêtements étaient de laine assez fine, de bonne coupe. Enfin il se rasait chaque matin et ses mains étaient soignées. Mais la charpente était plébéienne. »

Pas mal de renseignements pourrais-je ajouter du fameux personnage, mais le vrai plaisir est la découverte dans la lecture.

Manuel de Français, le 04 Mars 2012

Maigret à table. 00 Semblance de l’auteur

Maigret à table

Simenon-250-webVoilà un prétexte pour parler de gastronomie et de littérature, je dirais même de gastronomie littéraire. Avant moi d’autres ont écrit sur les habitudes gastronomiques du commissaire Maigret. Même des livres a-t-on publiés. Cela n’est pas extraordinaire quand on apprend que Georges Simenon fut un auteur prolifique jusqu’à l’exténuation. C’est l’homme aux 400  romans, ses contes se comptent par milliers, ses articles par dizaines de milliers. Son personnage le plus connu sans doute est le commissaire Maigret dont il a écrit 72 romans et presque 30 nouvelles. Pour un auteur quiconque écrire 72 romans serait un chiffre presque impossible. Voyez donc la dimension de notre auteur. Retournant à Maigret, ses déjeuners, ses morceaux pris « a la pouce », sont un prétexte comme je disais au début pour parler de cuisine, de gastronomie, de nourriture. Mais principalement sur le point de vue de la langue ; des équivalences entre l’espagnol et le français. Cet aspect de la langue est l’un  des points faibles dans l’apprentissage des langues étrangères. Dans une langue si gastronome comme le français c’est presque impardonnable. Il faut penser que parfois notre plat préféré, cela n’existe  point dans un autre coin ni dedans de nos frontières. Les préparations non plus sont les mêmes ni l’ont ne les appelle pas de la même façon, des produits ne sont pas fréquents dans les deux pays. Malgré cet exposé précédant, deux pays dont la culture vitivinicole est si forte sont condamnés à se comprendre raisonnablement, parce que la maxime s’accomplit : « Un pays ayant des vignobles, fait du vin et quand il ya du vin on mange bien ».

C’est mon intention chaque semaine ou bien toutes les deux, analyser  un roman de Maigret sur le sujet de la gastronomie, mais d’abord et comme numéro 00, est d’obligeance faire un semblant de l’auteur,  la prochaine une approximation  au personnage, sa psychologie, son univers et la troisième on commencera à étriper le premier Maigret.

Maigret à table. 00 Semblance de l’auteur

Simenon-135-WEBGeorges Simenon naisse au principe de siècle dans une famille modeste à Liège (Belgique). Il passe là son enfance et adolescence. Très tôt abandonne-t-il ses études pour devenir journaliste àla Gazettede Liège. Fils de Désiré et d’Henriette, il est né sous le signe de l’ambiguïté le 12 ou 13 Février 1903, car sa mère, superstitieuse comme elle l’était bien put changer la date. À une période sa mère loue des chambres à des étudiants, parfois de l’Europe centrale ou de l’Est. C’est par cette influence qu’il commence à lire Dostoïevski, Gogol ou Chéjov malgré ses neuf ou dix ans. En 1914 éclate la première Guerre Mondiale et les étudiants sont substitués par des allemands. Parmi ce bouleversement perd-t-il sa virginité avec une fille de 15 ans. La diminution de la foi professé jusqu’à ce moment est parallèle à l’incrément  de l’importance qu’il concède à la sexualité.La Vierge Marie« écrit-il » fut substitué dans mon esprit par les femmes, par toutes-elles.

Son père malade, il abandonne ses études prétextant qu’il doit gagner sa vie. Sa mère prétend qu’il soit humilié dans une école qui lui rappelait  constamment sa condition d’élève bénéficiaire. Je dirais que ce sentiment s’installe dans son esprit à perpétuité et se projette parfois dans ses personnages. À cette époque aussi sa rébellion de jeunesse se dirige contre une mère, la sienne avaricieuse, larmoyante et mesquine. Par contre il idéalise la figure de son père : sa simplicité la modestie et surtout sa stabilité dans les émotions. Ce sentiment est aussi présent dans certains de ses personnages.  A seize ans il devient journaliste àla Gazettede Liège. Bien qu’il soit à la queue des journalistes de la maison, il touche déjà de l’argent ce que lui permet de se payer les plaisirs que lui étaient jusqu’au moment interdits. Le jour travaillait-il avec intensité mais le soir aussi avec intensité il s’abandonnait à l’alcool et aux filles de joie. Malgré cette vie dissolue on lui offre une colonne quotidienne « Hors du poulailler ». Il la signe comme Mr. Le Coq. La recherche d’un style personnelle lui mène rapidement a y insérer des petits contes, cette fois sous le pseudonyme  de Georges Sim. Son premier roman « Au Pont des Arches » sous le même pseudonyme apparaît en 1921, illustré par des jeunes peintres liégeois. Dans cette ambiance rencontre-t-il Régine Renchon, étudiante aux Beaux Arts ce que ne lui empêche pas de préparer son deuxième roman, écrire des contes et une nouveauté à l’époque, il  écrit des colonnes sur la police scientifique. La veille du debout de son service militaire, son père meurt. Pendant son service militaire, il continue à écrire et maintient sa collaboration avecLa Gazette. Maintenantsa prétention est de travailler au journal « Le Peuple » de Bruxelles. Un ami de la famille installé à Paris lui propose d’y aller. Il peut lui y offrir un travail. Mais d’abord doit-il achever son service militaire.

Le service achevé il épouse Régine et s’installe à Paris dans un minable logement. Mais dans le Paris des années 20 pour subsister il devient  écrivain de romans populaires et envahi de contes légers toutes les publications parisiennes. Attentif à tout ce que la vie lui offre, accepte devenir secrétaire d’un aristocrate, le marquis Raymond de Tracy. Il suit l’aristocrate dans ses châteaux. Cette cohabitation avec la noblesse  lui proportionne pas mal de sujets pour ses romains futurs. Malgré cet emploi de secrétaire il continue à écrire fiévreusement. Après cette période mène avec Régine une intensive vie nocturne ce que ne lui empêche non plus de continuer à écrire aussi fiévreusement que toujours.  Un exemple, en 1925 il écrit treize romans, vingt-et-cinq contes sérieux et deux-cent-cinquante contes érotiques. Cet été, le couple marche en vacances à Bénouville et reviennent avec une cuisinière de 18 ans, Henriette Liberge. Cette servante-maîtresse, lui accompagnera presque toute sa vie.

En 1930, Simenon rédige son premier Maigret, « Pietr le Letton ». Après apparurent soixante et onze plus. Et de centaines d’autres écrits.

Simenon, cet homme excessif en œuvres, en amants, en voyages, même en films adaptés de ses romans c’est éteint en 1989 à Lausanne (la Suisse).

Manuel de Français, le 26 Février 2012

Pour savoir plus, je recommande lire,  « Simenon. Écrire l’homme » ou bien la version en espagnol « Simenon Álbum de una vida » de Michel Lemoine