Maigret à table
Voilà un prétexte pour parler de gastronomie et de littérature, je dirais même de gastronomie littéraire. Avant moi d’autres ont écrit sur les habitudes gastronomiques du commissaire Maigret. Même des livres a-t-on publiés. Cela n’est pas extraordinaire quand on apprend que Georges Simenon fut un auteur prolifique jusqu’à l’exténuation. C’est l’homme aux 400 romans, ses contes se comptent par milliers, ses articles par dizaines de milliers. Son personnage le plus connu sans doute est le commissaire Maigret dont il a écrit 72 romans et presque 30 nouvelles. Pour un auteur quiconque écrire 72 romans serait un chiffre presque impossible. Voyez donc la dimension de notre auteur. Retournant à Maigret, ses déjeuners, ses morceaux pris « a la pouce », sont un prétexte comme je disais au début pour parler de cuisine, de gastronomie, de nourriture. Mais principalement sur le point de vue de la langue ; des équivalences entre l’espagnol et le français. Cet aspect de la langue est l’un des points faibles dans l’apprentissage des langues étrangères. Dans une langue si gastronome comme le français c’est presque impardonnable. Il faut penser que parfois notre plat préféré, cela n’existe point dans un autre coin ni dedans de nos frontières. Les préparations non plus sont les mêmes ni l’ont ne les appelle pas de la même façon, des produits ne sont pas fréquents dans les deux pays. Malgré cet exposé précédant, deux pays dont la culture vitivinicole est si forte sont condamnés à se comprendre raisonnablement, parce que la maxime s’accomplit : « Un pays ayant des vignobles, fait du vin et quand il ya du vin on mange bien ».
C’est mon intention chaque semaine ou bien toutes les deux, analyser un roman de Maigret sur le sujet de la gastronomie, mais d’abord et comme numéro 00, est d’obligeance faire un semblant de l’auteur, la prochaine une approximation au personnage, sa psychologie, son univers et la troisième on commencera à étriper le premier Maigret.
Maigret à table. 00 Semblance de l’auteur
Georges Simenon naisse au principe de siècle dans une famille modeste à Liège (Belgique). Il passe là son enfance et adolescence. Très tôt abandonne-t-il ses études pour devenir journaliste àla Gazettede Liège. Fils de Désiré et d’Henriette, il est né sous le signe de l’ambiguïté le 12 ou 13 Février 1903, car sa mère, superstitieuse comme elle l’était bien put changer la date. À une période sa mère loue des chambres à des étudiants, parfois de l’Europe centrale ou de l’Est. C’est par cette influence qu’il commence à lire Dostoïevski, Gogol ou Chéjov malgré ses neuf ou dix ans. En 1914 éclate la première Guerre Mondiale et les étudiants sont substitués par des allemands. Parmi ce bouleversement perd-t-il sa virginité avec une fille de 15 ans. La diminution de la foi professé jusqu’à ce moment est parallèle à l’incrément de l’importance qu’il concède à la sexualité.La Vierge Marie« écrit-il » fut substitué dans mon esprit par les femmes, par toutes-elles.
Son père malade, il abandonne ses études prétextant qu’il doit gagner sa vie. Sa mère prétend qu’il soit humilié dans une école qui lui rappelait constamment sa condition d’élève bénéficiaire. Je dirais que ce sentiment s’installe dans son esprit à perpétuité et se projette parfois dans ses personnages. À cette époque aussi sa rébellion de jeunesse se dirige contre une mère, la sienne avaricieuse, larmoyante et mesquine. Par contre il idéalise la figure de son père : sa simplicité la modestie et surtout sa stabilité dans les émotions. Ce sentiment est aussi présent dans certains de ses personnages. A seize ans il devient journaliste àla Gazettede Liège. Bien qu’il soit à la queue des journalistes de la maison, il touche déjà de l’argent ce que lui permet de se payer les plaisirs que lui étaient jusqu’au moment interdits. Le jour travaillait-il avec intensité mais le soir aussi avec intensité il s’abandonnait à l’alcool et aux filles de joie. Malgré cette vie dissolue on lui offre une colonne quotidienne « Hors du poulailler ». Il la signe comme Mr. Le Coq. La recherche d’un style personnelle lui mène rapidement a y insérer des petits contes, cette fois sous le pseudonyme de Georges Sim. Son premier roman « Au Pont des Arches » sous le même pseudonyme apparaît en 1921, illustré par des jeunes peintres liégeois. Dans cette ambiance rencontre-t-il Régine Renchon, étudiante aux Beaux Arts ce que ne lui empêche pas de préparer son deuxième roman, écrire des contes et une nouveauté à l’époque, il écrit des colonnes sur la police scientifique. La veille du debout de son service militaire, son père meurt. Pendant son service militaire, il continue à écrire et maintient sa collaboration avecLa Gazette. Maintenantsa prétention est de travailler au journal « Le Peuple » de Bruxelles. Un ami de la famille installé à Paris lui propose d’y aller. Il peut lui y offrir un travail. Mais d’abord doit-il achever son service militaire.
Le service achevé il épouse Régine et s’installe à Paris dans un minable logement. Mais dans le Paris des années 20 pour subsister il devient écrivain de romans populaires et envahi de contes légers toutes les publications parisiennes. Attentif à tout ce que la vie lui offre, accepte devenir secrétaire d’un aristocrate, le marquis Raymond de Tracy. Il suit l’aristocrate dans ses châteaux. Cette cohabitation avec la noblesse lui proportionne pas mal de sujets pour ses romains futurs. Malgré cet emploi de secrétaire il continue à écrire fiévreusement. Après cette période mène avec Régine une intensive vie nocturne ce que ne lui empêche non plus de continuer à écrire aussi fiévreusement que toujours. Un exemple, en 1925 il écrit treize romans, vingt-et-cinq contes sérieux et deux-cent-cinquante contes érotiques. Cet été, le couple marche en vacances à Bénouville et reviennent avec une cuisinière de 18 ans, Henriette Liberge. Cette servante-maîtresse, lui accompagnera presque toute sa vie.
En 1930, Simenon rédige son premier Maigret, « Pietr le Letton ». Après apparurent soixante et onze plus. Et de centaines d’autres écrits.
Simenon, cet homme excessif en œuvres, en amants, en voyages, même en films adaptés de ses romans c’est éteint en 1989 à Lausanne (la Suisse).
Manuel de Français, le 26 Février 2012
Pour savoir plus, je recommande lire, « Simenon. Écrire l’homme » ou bien la version en espagnol « Simenon Álbum de una vida » de Michel Lemoine